*Cette forêt doit sûrement être magnifique lorsqu'elle se retrouve inondée par la lumière du soleil qui transperce la cime des arbres, un peu comme des lances de lumières qui descendent directement des cieux.... Enfin en théorie, là on peut surtout dire que la forêt quand il pleut, ça craint.*

Le "jeune" homme marchait avec peine dans la boue, essayant tant bien que mal de se frayer un passage à travers les arbres. Ses vêtements étaient en lambeaux, ne recouvrant plus qu'à peine son torse et son bassin tout en laissant transparaître l'ensemble des cornes démoniaques qui recouvraient son corps. Ses cheveux lui retombaient sur le front et lui collaient au crâne à cause de la pluie et les deux serpents qui l'accompagnaient toujours tentaient désespérément de se mettre à l'abris en s'enroulant autour de se taille, sous le peu de vêtements qu'il lui restait.

* Heureusement que mes poches à fioles sont intactes, enfin pour la plupart. Quel bleu je fais, sérieusement, à quel point j'ai pu merder pour en arriver là ?

Bien que l'hybride progressait, ses mouvements étaient grandement ralentis par de longs filets de sangs qui coulaient le long de sa jambe gauche et qui le forçaient à marcher clopin-clopant tout en glissant tout les dix pas dans la terre rendue boueuse par la pluie qui ne semblait n'avoir de cesse de tomber, encore et toujours.
Il finit par se laisser tomber le long d'un arbre esseulé et difforme, aux branches brisées par le vent et la pluie, comme perdu au milieu de ses semblables mais tout de même tenu à l'écart, différent.

" Hé bien mon vieux, on dirait qu'on n'est pas si différent toi et moi, nous sommes là, en pleins milieu de ce qui est sensé composer notre "famille"
sans pour autant en faire partie, à la fois présent mais absent, ne sortant du lot que par notre différence dérangeante, des abominations en gros.... et puis pourquoi je parle à un arbre moi ? La douleur commence-t-elle à me faire délirer ?

Il attrapa une fiole dans une des poches qui composait le peu de tissu qu'il lui restait et en sortit une sorte de pâte verdâtre qu'il étala généreusement sur les plaies qui couvraient sa jambe blessée avant d'en mâcher un peu, histoire de faire passer la douleur pour quelques temps.
Il se redressa ensuite calmement, s'écartant un peu de l'arbre sur lequel il avait pris appui et leva la tête vers le ciel qu'on devinait à peine à travers le toit de feuilles et de branches de la forêt, de grosses gouttes lui tombant sur le visage à la manière de grains de sables pris au piège dans un sablier.

"Sérieusement les gars, vous ne laissez jamais tomber pas vrai ?
Je sais que nous ne sommes pas vraiment partis du bon pied vous et moi mais on ne pourrait pas en discuter calmement autour d'un bon thé chaud ?"

A peine eût-il terminer sa phrase qu'un groupe d'humanoïdes en tout genres sortirent de derrière les arbres, déjà prêts à sortir leurs armes et à mener à bien leur chasse à l'homme.

" Vraiment pourrie cette journée, enfin.... comme vous voulez.

L'hybride se laisse alors tomber à quatre pattes, prenant appui sur sa jambe valide tout en hurlant sous la pluie tel le loup solitaire qu'il était, déjà toutes griffes dehors, prêtes à déchirer la chair de ses ennemis.

Des fourmis. Tous. Ils sont tous des fourmis. Tapie dans les arbres ou même dans les airs, ceux n'étant pas de sa race ressemblent tous à des fourmis. C'est, au final, un peu comme avoir face à soi une fourmilière pleine. Nous les observons, nous les étudions. Pendant un long moment, certes. Seule différence est que ces fourmis-là sont vicieux et cèdent aisément face à l'appât du gain. Mais, comme dans toute fourmilière et comme tout bon observateur, nous voyons certaines fourmis qui sortent du lot. Que sont-elles ? Qui sont-elles ? Pourquoi ? Comment ? Tant de questions qui, au final, apportera encore plus de questions que de réponses. Certains s'accorderaient à dire que c'est le destin, ou simple choix d'un dieu dont ils sont les dévots.

Azura, elle, n'est ni superstitieuse, ni croyante. Faute d'avoir essayé, les mœurs des humains et autres bestioles du genre n'est visible pas pour elle. Il n'est pas toujours facile de s'adapter, comme il n'est pas facile pour ces fourmis particulières de se faire accepter. Tel semblait être le sort d'une fourmis qu'Azura avait décidé d'observer, dès sont entrée dans la forêt blanche. De haut arbres dont la couleur parfaite aide la jeune dragonne à se camoufler. Même parfois aux yeux aiguisés d'un elfe aguerri. Ce jour-là, il y avait une foule. Un sacré grabuge, semblait-il. En bonne curieuse, Azura ne pouvait pas rater une telle occasion. C'était dangereux, certes, mais à quoi bon vivre sans risque ? C'est comme ça que la vie prenait tout son sens, à ses yeux. Elle se glissait silencieusement entre les arbres et les feuilles, d'une souplesse presque jamais vue.

La poursuite ne lui semblait pas très équitable. Elle n'avait pas compté le nombre de poursuivant, pour... Une seule fourmis en chasse. Azura et ses tendances à vouloir rejoindre le camp destiné à perdre. Véritable héroïne ou simplement jeune dragonne idiote ? Aucun des deux, elle semblait trouver satisfaction à rééquilibrer les forces. Azura avait anticipé la trajectoire du cet hybride pourchassé. Bien qu'elle n'était pas certaine à cent pourcent qu'il la maintiendrait, elle avait pris assez d'avance pour se recouvrir de tout ce qui traînait au sol; feuilles, brindilles, morceaux d'écorce et reste de tronc d'arbres. Elle était incroyablement bien camouflée, au prix du confort. En vérité, un trappeur ou du moins, quelqu'un avec assez d'expériences comprendrait que ce n'est pas assez naturel pour être "là", quoique quand même bluffant. Alors Azura se mit à patienter.

Elle n'eut pas longtemps à attendre que le démon-elfe arriva près d'un arbre. À peine semblait-il avoir eu le temps de... Boire quelque chose et d'appliquer un produit sur ces plaies, que ses poursuivants l'avaient embusquer. Azura fût comblée, pendant un court instant. Puis-ce que l'un deux lui avait marcher sur l'aile droite. Il/Elle s'était arrêtée juste en face de sa gueule. Et alors que tout semblait perdu pour l'hybride, elle se redressa lentement, émergeant de tout cet amas de feuilles et de restes végétal. Nul doute que les autres l'avaient remarquer, qu'elle avait vite fait d'ouvrir sa gueule pour la refermer sur l'épaule de sa proie. Ses crocs transpercèrent son cou, jusqu'à son thorax alors que des craquements glauques et bien distincts retentissent; la puissance de sa mâchoire avait brisé l'une des omoplates de sa victime, ainsi que son épaule. Elle souleva ce dernier dans sa gueule, le tenant comme trophée alors que ce dernier criait à la Lune tant la douleur lui était démente.