C'était l’heure de la grande expédition annuelle. Depuis qu'il était le gardien de cette frontière, il ne se passait pas une année sans qu'il ne se dirige vers le territoires des démons pour faire de l'infiltration. La tradition se poursuivait encore en ce jour. Pendant quelques jours, le dragon abandonnait son rôle pour partir faire son expédition, mais jamais à la même date, vu qu'il ne pouvait s'empêcher d'attaquer quelques démons isolés qu'il croisait. Cependant il ne pouvait mener une croisade comme il souhaiterait, car à lui seul, bien que dragon imposant, il est incapable de rivaliser avec un sur-nombre de démons. L'heure du départ était arrivé, et comme il changeait de date, il changeait aussi généralement d'itinéraire. Cette fois ci il avait décidé de faire cap plein ouest avant de faire plein sud pour se rapprocher le plus possible de cité principal, les bidonvilles n'intéressaient guère le dragon. S'envolant dans un grand battement d'ailes, il quitta la forêt en suivant le soleil couchant qui avait toujours été son fidèle allié pour dissimuler sa présence lui qui était particulièrement brillant avec sa peau blanche.

Rapidement le soleil fut remplacé par un ciel étoilé, et une lune majestueuse qui éclairait cette sombre nuit par dessus les montagnes. Il aimait la majesté de ces pics, de ces neiges éternelles qui ne semblait pouvoir fondre même à la chaleur d'un embrasement draconique. Quelle joie de pouvoir survoler une fois encore ces montagnes, de ressentir encore ce sentiment de liberté qu'il appréciait tant. C'est dans ces montagnes que se trouvait le tombeau d'Elial, où il se rendait en quelques rares occasions. Au petit matin il se posa sur le flanc d'un pic, pour pouvoir se reposer, s'abritant dans une petite grotte pour pouvoir dormir une bonne partie de la journée et ainsi reprendre son trajet le soir à la lueur du soleil couchant.

Lorsqu'il se réveilla, il attendit patiemment que le soleil se couche pour pouvoir passer la frontière et s’immiscer profondément au sein du territoire démoniaque. C'est dans une zone déserte en plein milieu de celui ci qu'il atterrissage pour se transformer en elfe. Bien que cela semblait parfaitement fou, sa carrure et sa peau matte n'étaient en rien la description d'un elfe. De plus son regard blanc et froid n'aidait pas à en tirer cette conclusion. Vêtu de son manteau noir, il mit sa capuche pour tout de même masquer en partie son visage mais aussi ses oreilles pointues mais surtout l'absence de cornes. Il marcha jusqu'au premier bidonville qu'il croisa, volant le peu de nourriture qui se trouvait dans un bungalow avant de repartir sans que personne n'ait remarqué sa présence. Il était désormais près de la cité centrale. Il y pénétra sans grande difficulté, les gardes ne semblaient pas trop assidu à leur postes.

Pour autant il n'était jamais allé aussi loin, mais la reprise des tensions entre démons et elfes concentra plutôt les efforts de ces derniers sur les frontières et non l'intérieur du pays. Errant dans les rues de la cité, et après avoir volé une bourse à un démon peu habile qui ne semblait pas dans son état normal dans un caniveau, il alla dans une sorte d'auberge, se renseigner sur les potins du coin et manger la mélasse qu'ils servaient aux démons. Cependant le dragon n'était pas un difficile. Cela ne le gênait pas. Il paya l'aubergiste et ressorti dans la rue, où de loin il aperçu quelque chose de beaucoup plus intéressant.

Une démone, d'apparence assez jeune mais non moins sulfureuse. Elle marchait dans la rue avec assurance, et sa prestance différait de celle des autres couards aux alentours. Il ne lui tourna pas pour autant le dis, gardant sa capuche il marchant dans la direction opposée à elle, se dirigeant vers le centre de la cité...

Message de Malakoh, démone.

Beaucoup de choses avaient changées depuis que j’avais prit la décision de devenir Grande Démone. Heureusement, chez les Démons, n’importe qui pouvait décréter qu’il avait un rang spécial s’il faisait ses preuves. A partir du moment où j’avais tué ce démon impoli, c’était irrévocable. La seule solution qui existait à présent pour me destituer était de me tuer, ou de se débrouiller pour que je me rende et que j’abandonne mes « privilèges ». Un ricanement s’échappa de mes lèvres.

Moi : « Oh, oui, vous pouvez comptez la dessus.. »

A présent, je vivais dans de somptueux appartements situés au cœur du palais. C’était beaucoup mieux que ma pauvre maison faite de terre dans le bidonville. L’espace d’un instant, je souris en pensant à la fierté que pourraient éprouver mes défunts parents s’ils me voyaient aujourd’hui. Mais malgré tout ce qui m’était arrivé jusqu’à présent, je n’oubliais ni mes valeurs, ni mes vrais amis. Ce jour-là, je devais d’ailleurs me rendre au bidonville pour aller voir Tabatha à son atelier et Gillian à la taverne. J’avais beaucoup de choses à leur dire.. Car en effet, vous vous doutez bien qu’assassiner un seul démon supérieur n’assurait pas ma tranquillité. J’avais déjà dû faire face à plusieurs autres combats.

Je commençais donc ma journée en me levant tôt, afin d’avoir le temps de me prélasser dans un bon bain. Je fis donc apporter de l’eau bouillante par un laquais et versais quelques gouttes d’huile parfumée dans la baignoire. Une fois que le démon inférieur se fût retiré, j’ôtais mon peignoir et me plongeais avec délice dans l’eau chaude. Après y être restée jusqu’à ce que l’eau soit froide, je séchais ma peau pâle avec délicatesse et allais chercher de quoi me vêtir. J’enfilais donc une longue robe noire faite de plusieurs couches de mousseline, mis mes gants, accrochais mon précieux collier autour de mon cou et mes dagues sur mes cuisses. Je me maquillais rapidement d’un trait de charbon sur les yeux et peignit ma bouche de rouge. Un coup de brosse pour discipliner ma crinière rouge, mon ombrelle pour me protéger des lourds rayons de soleil, et j’étais fin prête.

Pour sortir du palais, rien de plus simple que de déployer mes ailes, mais à partir de l’entrée du bidonville, je préférais marcher. D’une main, je remontais légèrement ma robe pour ne pas que l’ourlet traine dans la fange et je me dirigeais en premier lieu vers la maroquinerie où travaillait Tabatha. Cependant, en passant à côté de la taverne, mon nez décela une odeur.. Spéciale. Un peu étonnée, je reniflais vaguement : peut être que Gillian essayait un nouveau plat. Une personne encapuchonnée passa près de moi, me frôlant presque et partit d’un pas précipité vers le palais. Certainement un démon qui avait quelque chose de pressé à régler là bas.. Mais pourquoi ne pas s’y rendre en volant ? C’était pourtant bien plus pratique. Je décidais de ne pas prêter plus d’attention à son comportement étrange et me dirigeais vers la boutique de cuir. Je poussais la porte et vis mon ami m’accueillir d’un grand sourire.

Tabatha : « Malakoh ! Je savais que tu viendrais ! »

Il posa sa pièce de cuir sur l’établit et vint me serrer dans ses bras avec ferveur.

Tabatha : « Comme tu m’as manqué ! Mais recule un peu, fais moi voir comme tu es belle ! »

Avec un éclat de rire, je tournais sur moi même pour lui montrer ma robe.

Moi : « Tu m’as manqué aussi, vieux frère ! Si tu n’es pas trop occupé, nous pourrions aller boire quelque chose à la taverne.. J’ai promis à Gillian d’aller le voir ! »
Tabatha : « Bonne idée. Je vais juste demander. »

Il revint quelques secondes plus tard, il avait enlevé son tablier. Nonchalamment, je pris son bras et nous nous dirigeâmes vers la taverne tout en discutant de choses et d’autres.

Il était enfin infiltré dans cette ville qu’il rêverait de voir bruler. Les bas-niveaux de cette cité étaient déplorables. Il semblait n’y avoir que la basse populace et des démons plus pitoyables les uns que les autres. Il aurait tout donner pour broyer dans ses mâchoires ces êtres répugnants, dégoulinant de malfaisance et de perfidie, tous plus sournois les uns que les autres, compensant leur faiblesse physique par leur fourberie. Cette société de démons était pour lui incompréhensible, pourtant elle avait des similitudes avec certains clans de dragons. Il suffit d’être le plus fort pour être en haut de l’échelle, n’importe quel roturier peut devenir sans aucun soucis un membre proche du palais royal s’il prouve sa force. Il ne faisait donc sans nul doute qu’il y avait de très puissant démons au sein de la cité royale. Il serait préférable de ne pas trop provoquer un combat avec ceux-ci. En effet, bien que Jörmungand était un dragon d’une taille assez remarquable, il n’en était moins dans une large infériorité numérique et même face à certain en infériorité qualitative. Cependant, cette démone qu’il avait croisée un peu plus tôt l’intriguait, elle semblait l’avoir remarqué. En effet, bien que tous les démons regardait avec insistance le dragon transformait, personne ne semblait pour autant se douter que ce qu’il y avait sous cette capuche était une menace. Ils le prenaient simplement pour un hybride ou un démon qui n’avait aucune fierté à se cacher dans une société où il faut se montrer, faire voir ses attributs. Il décida ainsi de rebrousser chemin, retournant sur ses pas vers l’endroit où il avait croisé cette démone pour pouvoir si possible l’observer plus attentivement.

Faisant demi-tour, il marcha en direction de la taverne, redescendant d’un niveau pour se retrouver de nouveau au milieu des petits démons insignifiants. Il ne pouvait supporter que ceux-ci le regardent avec condescendance, des êtres aussi insignifiants prenant de haut un dragon était pour lui une pensée intolérable. Bien que Jörmungand ne prônait pas la suprématie des dragons, il n’en était pas moins fier d’appartenir à cette race majestueuse et puissante. D’une certaine façon il considérait les dragons comme l’aristocratie de ce monde, mais une noblesse bienveillante présente pour guidée les nouveaux venus. Ainsi il continuait de marcher dans la rue, ne prêtant guère d’attention aux démons qui l’injuriaient dans la rue. C’est ainsi qu’il arriva de nouveau à la taverne, et bien qu’un large laps de temps s’était écoulé, la démone était juste un peu plus loin, cette fois ci accompagnée, et elle semblait se diriger en direction de la taverne avec son acolyte. Le dragon observa rapidement la scène dans la rue avant de se rentrer dans la taverne, dans l’espoir qu’ils y entreraient bientôt.

Il se plaça dans un coin relativement sombre et commanda un verre, pour sembler plus normal et éviter d’attirer sur lui l’attention…

HRP: