Message d'Alcuin Delaune, humain.
Avec une ombre d’inquiétude, Alcuin se demande comment va Miss Teigne. Non pas qu’il se soucie vraiment de la saloperie qui lui sert de chatte, non. Seulement, elle est avec ses affaires, et si un voleur avait le malheur de s’approcher…
Alcuin frémit. Le pauvre ne saurait pas dans quoi il tombait.
Si ses souvenirs sont bons, elle dormait en boule sur son coussin, quand la bagarre avait éclatée.
Ah oui ! La bagarre ! Non mais des fois ! Pour UNE fois qu’Alcuin décide de ne pas se mêler d’une dispute, pour UNE FOIS qu’il n’est pas à l’origine d’une bagarre, il faut qu’il se retrouve en plein milieu de la mêlée. Non mais vraiment ! N’est ce pas terriblement ironique ?
Il ne rêvait que d’une chose. Fuir cette horrible ville avec ses gens ternes et taciturnes. Des gens qui, rappelons le, mangent du bouillon de poisson au petit déjeuner !!!!
Il s’apprêtait donc à mettre les voiles et prendre la route de Byertav, où il avait un auditoire conquis d’avance, quand, au détour d’une ruelle il y avait eu cette… beauté insolente. Le mot était faible.
Alcuin est un homme beau, très beau même. Et il le sait. Il en joue. Et là, il avait pour la première fois en terre humain, croisé son alter ego. Une donzelle qui, malgré son habillement modeste (une hérésie si vous en croyez notre héros), était un appel à la volupté et à des rêves tout à fait indignes d’un gentillomme. Sa poitrine généreuse, ses cheveux roux coiffés en un harmonieux chignon, et des mains… Des mains de fée !
Alcuin n’est pas homme à se laisser facilement distraire. Enfin si il l’est. Mais là n’est pas la question. Le fait est que, passé un moment d’absence total, il s’était ressaisi et il était prêt à lui déclarer flamme et amour éternel si elle voulait bien le laisser parler. Il était même prêt à user de son don pour la faire succomber. Ok, ce n’était pas loyal mais aux grands maux, les grands remèdes.
Il la suivit donc dans les ruelles boueuses et nauséabondes, s’enfonçant dans cette ville qu’il connaissait si mal. Peut être se serait il méfié, s’il avait vraiment fait attention à cette magie qui flottait autour d’elle. Peut être aurait il remarqué que son chignon soudain défait, les longs cheveux de feu semblaient scintiller alors qu’il n’y avait aucune lumière pour jouer avec. Peut être aurait il du entendre des pas derrière lui, laissant voir un guet-appens. Mais tout à son amour soudain, Alcuin ne vit rien de tout cela, jusqu’à ce que la jeune femme disparaisse derrière deux gusses si grand que même si le soleil avait été visible, ils l’auraient fait disparaitre.
Et pourtant Alcuin est plus grand que la moyenne. Aussi, il se sentit mal, mis en danger. Tout ce qu’il détestait.
Messieurs, voyons. Soyons raisonnables !
Alcuin n’étant pas si bête que sa futilité apparente le laisse penser, sait parfaitement à quoi s’attendre. Adieu amour éternel (jusqu’au prochain lever du jour), bonjour ennuis.
Un ricanement avait répondu à son offre tout à fait honnête et cordiale.
Le nobliau a voulu s’encanailler et maintenant il a les miquettes ?
Alcuin se souvient très bien avoir laissé échapper un long et bruyant soupir, avant de répondre :
Depuis quand être bien habillé signifie nécessairement être noble ? Ne peut on donc pas être bien mis de sa personne simplement pour le plaisir des yeux ?
Nouveaux ricanements. Autre soupir. Il lui était apparu comme évident qu’il n’avait pas le choix.